Article publié le 04/08/2025
Location vide vs meublée : la relocation à l’heure des choix contraints
Il fut un temps où les agences de relocation pouvaient demander au client : “Vous préférez un logement vide ou meublé ?” En 2025, cette question devient presque théorique tant la rareté de logements vides pèse sur le marché locatif. Cette pénurie nous contraint de naviguer dans ce contexte où le meublé prend actuellement le dessus. Alors, quelles sont les conséquences pour nous, pros de la relocation ? Plus ou moins de travail ? Le meublé présente-t-il un risque pour le locataire ? protège-t-il- le propriétaire ? Quelle évolution réelle du marché ?
Beaucoup de questions, voici quelques réponses…
La location vide : une espèce en voie de disparition ?
La pénurie de logements vides n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un cocktail multifactoriel explosif :
- Fiscalité avantageuse pour le meublé (LMNP, Censi-Bouvard…)
- Durcissement des DPE(logements classés F ou G interdits à la location, coût des rénovations dissuasives)
- La réduction des aides à la rénovation énergétique pousse de nombreux petits bailleurs à vendre plutôt qu’à rénover.
- Crédit immobilier encore grippé, les locataires restent plus longtemps en place.
- Gel/restriction des mobilités professionnelles : les entreprises temporisent leurs recrutements/mutations.
- Explosion de l’AirBnB et ses dérivés “déguisés” (bail étudiant 9 mois, bail mobilité) : on loue de septembre à juin, on maximise en été, souvent en marge du cadre légal.
Conséquence : le stock de biens vides se réduit à vue d’œil, les propriétaires préférant des modèles de location courte durée, plus rentables et fiscalement optimisés.
Meublé vs Vide : plus ou moins de travail pour la Relocation ?
Sur le papier, un logement meublé, c’est moins de tracas : pas de mobilier à déménager, un emménagement rapide.
Mais la réalité est plus subtile :
- Le meublé exige des recherches ultra-ciblées : peu d’offres qualitatives, avec des standards très disparates. Il faut vérifier l’état, la conformité, l’équipement réel (oui, un canapé-lit IKEA fatigué compte “techniquement” comme literie !).
- Le meublé implique une gestion des durées de baux atypiques : bail mobilité, bail étudiant, location temporaire déguisée… il faut décrypter les subtilités contractuelles pour sécuriser les clients.
- Le vide offre (quand il existe encore) une plus grande flexibilité de personnalisation, mais devient un produit rare, souvent cher, et nécessitant un déménagement… que les entreprises prennent de moins en moins en charge.
Les risques pour le locataire & le propriétaire
Pour le locataire :
- Précarité des baux meublés courts.
- Risque de hausse rapide de loyers à chaque changement d’occupant.
- Moins de capacité à “faire sien” le logement, et donc moins d’ancrage local.
Pour le propriétaire :
- Gestion plus fréquente des entrées/sorties (turnover).
- Réglementations locales anti-meublé saisonnier qui se durcissent (ex : Pays Basque, Paris, Lyon, Bordeaux …).
- Risque de requalification du bail en résidence principale en cas de contrôle.
Mobilité durable = meublé à tout-va ? Une équation moins verte qu’il n’y parait …
Le modèle du “collaborateur nomade” vivant de meublé en meublé, avec pour seuls bagages ses effets personnels, coche toutes les cases de l’agilité moderne… et même celles de l’écologie, sur le papier. Mais à y regarder de plus près, ce modèle a ses limites — humaines, économiques… et environnementales aussi.
Posons-nous la question :
- Est-ce vraiment une solution durable ?
- Quel impact sur l’économie locale, notamment l’ameublement et la décoration ?
Car oui, le déménagement est souvent l’occasion de renouveler son mobilier, de faire vivre les commerces d’ameublement, de relancer l’économie locale. Si cette dynamique s’efface, d’autres secteurs économiques souffriront en cascade.
Le futur du marché locatif : meublé pour tous, vraiment ?
Ce n’est pas si évident. Le marché pourrait évoluer vers :
- Un mix meublé/vide de plus en plus polarisé : Villes attractives = meublé ultra-flexible et cher. · Zones périphériques = vide, pour des locataires en recherche de stabilité.
- Des modèles hybrides : location vide avec option “pack ameublement modulable”.
- Une normalisation des baux mobilité comme nouvelle norme du logement temporaire.
La Relocation : acteur clé pour naviguer dans ce flou
En tant qu’experts de la gestion des mobilités professionnelles géographiques, nous sommes en première ligne pour :
- Accompagner les entreprises dans la compréhension de ces nouvelles dynamiques.
- Sensibiliser les propriétaires sur les vrais/faux avantages du meublé.
- Sécuriser les parcours des collaborateurs dans ce marché plus volatile.
La FNPR porte la voix d’une relocation pragmatique et résiliente, capable d’adapter ses services à ces bouleversements.
Et vous, comment percevez-vous cette mutation du marché vide/meublé ? Partagez vos expériences terrain, on en discute !