Article publié le 14/10/2025
Mobilité et stabilité : le paradoxe des salariés face aux nouvelles attentes du travail
Question : En tant que DRH, comment percevez-vous l’évolution des attentes des salariés vis-à-vis de la mobilité, qu’elle soit géographique, fonctionnelle, inter-entreprise ?
Aujourd’hui, ce que nous observons en interne, c’est une recherche accrue de sens dans le travail. Les salariés souhaitent davantage pouvoir transposer leurs compétences sur d’autres emplois. Cela se traduit par des mobilités transversales, à l’intérieur même d’un site, que nous accompagnons. Mais il existe aussi des mobilités géographiques, entre différents sites.
Toutefois, depuis quelque temps, nous remarquons une certaine frilosité. Beaucoup de salariés – et de candidats externes – cherchent à s’installer au plus près de leur lieu de travail. C’est une tendance assez récente, liée à plusieurs facteurs : le pouvoir d’achat, le coût de l’essence, mais aussi les nouvelles formes de mobilité.
Chez les jeunes notamment, on observe une volonté de se déplacer différemment, voire de limiter au maximum les déplacements. Un exemple : pour notre site de Laval, plusieurs collaborateurs viennent de Rennes en train, puis terminent leur trajet en trottinette électrique. C’est une évolution marquante que nous ne constations pas historiquement.
Quels sont les freins les plus fréquents que vous observez chez les collaborateurs face à une mobilité ?
Un exemple récent illustre bien les freins rencontrés. Une jeune alternante à qui j’avais proposé une mobilité vers le site de Malville m’a répondu qu’elle venait tout juste de faire construire sa maison à Laval. Son conjoint y travaillait, et sa vie personnelle était déjà bien installée. Résultat : la mobilité n’était pas envisageable, malgré son jeune âge.
Cela met en évidence deux grandes tendances chez nos collaborateurs. D’un côté, ceux qui souhaitent absolument rester proches de leur environnement personnel : maison, famille, cercle d’amis… Ils n’ont pas envie de bouger. De l’autre, des salariés qui, au contraire, sont prêts à aller très loin, et que nous essayons alors d’accompagner dans ces démarches de mobilité.
Comment vous intégrez l’intelligence artificielle, si tant est que vous l’intégriez ? Est-ce que c’est quelque chose qui a été mis en place ou c’est quelque chose pour l’instant qui reste encore dans une réflexion ? C’est un sujet d’actualité, est-ce que vous avez posé le sujet sur la table ?
Oui, le sujet est bien sur la table, puisqu’il fait partie de notre projet d’entreprise “Impulse 2028”. Aujourd’hui, l’usage reste encore balbutiant. Chacun expérimente individuellement : tester un prompt, rédiger un courrier, répondre à une question… Nous en sommes plus à une réflexion personnelle sur “comment améliorer mon quotidien” qu’à une démarche structurée et organisée. Mais nous allons y venir, car l’intelligence artificielle est clairement intégrée à notre feuille de route.
Concrètement, nous réfléchissons à des cas d’usage dans nos différents métiers. Prenons un exemple : lorsqu’on assemble une carte électronique, il faut parfois gérer plus de mille composants. Un deviseur doit aller chercher chaque élément dans un logiciel, un par un. Nous nous demandons si l’IA ne pourrait pas accélérer considérablement ce processus et faciliter ce travail.
Ces pistes concernent autant la production que les fonctions support – RH, finance, etc. Pour l’instant, l’usage reste individuel, mais notre objectif est bien de structurer, d’orchestrer et d’accompagner ces pratiques pour en faire un véritable levier de performance collective.