Article publié le 17/06/2025

Bilan carbone : faudra-t-il aussi composter nos salariés ?

 

Il était une fois… un monde qui ne jurait que par la croissance, les 35 heures et la voiture de fonction. L’écologie, il y a 30 ans ? Une option encore marginale, bonne pour les magazines alternatifs et les débats soporifiques du dimanche soir. Et puis, lentement mais sûrement, une conscience climatique s’est installée dans le paysage.

 

Au départ, c’était plutôt sain : alerte sur le climat, appel à la responsabilité, volonté d’agir. Mais 30 ans plus tard, on ne sait plus trop si on est dans une tragédie antique ou dans une série Netflix écrite sous anxiolytiques par un comité RSE survolté.

 

Aujourd’hui, la planète est devenue une start-up ESG-compatible, où chaque entreprise sous emprise normative doit prouver son allégeance écologique en cochant toutes les cases d’un examen digne d’un marathon fiscal :

 

Bilan carbone obligatoire, avec scopes 1, 2, 3… et pourquoi pas 4, 5, 6, tant qu’on y est. Audit de toute la chaîne de sous-traitance, jusqu’au fournisseur du fournisseur de celui qui fabrique les vis du socle en plastique recyclé de votre fontaine à eau. Traçabilité du transport des colis internes, avec justification du choix entre vélo cargo ou poney breton. Analyse du cycle de vie de l’e-mail, car oui, chaque cordialement envoyé depuis votre boîte Outlook contribue à la fonte des glaciers.

 

Et ne parlons pas des chartes RSE obligatoires : respect du climat, de la biodiversité, de l’inclusivité, du genre, du droit des chats errants, et de la sensibilité émotionnelle des employés ayant un profil neuro-atypique. Tout est mesuré, normé, labellisé, tamponné.

 

Certaines entreprises finissent même par embaucher un Chief Happiness Officer Carbone, chargé de réduire les émissions de CO₂ lors des pots de départ (plus de bulles, les sodas sont trop gazeux ; encore moins de champagne, trop festif ; on opte donc pour un vin naturel et sans sulfites bien sûr !). On leur demande d’être exemplaires, tout en restant rentables, innovantes, attractives, et évidemment… neutres en carbone avant 2040, quitte à racheter un hectare de mangrove aux Philippines pour compenser le chauffage du siège social.

 

Et puis, il y a les grandes idées gouvernementales, comme celle des portiques de l’écotaxe autoroutière. Installés à grand frais, démontés sous la pression, et aujourd’hui reconvertis en œuvres d’art conceptuel (ou en casse-têtes budgétaires). Ce genre d’épisode laisse un goût amer : la transition écologique devient un prétexte fiscal plus ou moins assumé, avec une touche de culpabilisation en bonus.

 

Le tout dans une société qui, paradoxalement, continue à changer de smartphone tous les 18 mois, commander 3 jeans par mois sur un site en .com, et streamer des vidéos de chatons via des serveurs aussi énergivores autant qu’un aéroport régional.

 

Résultat : les entreprises ne savent plus sur quel pied danser. Agir, oui. Mais comment ? Selon quelle méthode ? Avec quelle cohérence ? Où commence le bon sens, et où finit le greenwashing généralisé ?

 

Alors non, il ne s’agit pas de se moquer de l’écologie. Mais de rappeler qu’elle ne doit être ni une course à l’absolution, ni une torture administrative, encore moins un prétexte à taxer sous couvert de vertu verte.

 

La défense de notre bien commun, la planète mérite mieux : lucidité, pragmatisme, responsabilité humaine.

 

Et c’est exactement le thème que nous avons choisi pour la convention annuelle de la FNPR qui se tiendra à Bordeaux, en novembre prochain. Ce sera l’occasion idéale pour poser cette question :

 

Comment concilier responsabilité, efficacité et bon sens dans un monde en perpétuel délire normatif ?

 

Bref, rendez-vous à Bordeaux. Et, promis : zéro trottinette obligatoire, mais des idées à revendre.

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