Article publié le 17/06/2025
Pourquoi de plus en plus d’Américains, notamment retraités s’installent en France ?
Une tendance qui s’accentue depuis l’arrivée de l’administration Trump
Depuis quelques années, les agences de relocation françaises constatent un phénomène en nette progression : l’arrivée sur le sol français d’un nombre croissant de ressortissants américains, souvent bien installés dans leur pays d’origine, qui décident de tout quitter pour commencer une nouvelle vie en France. Ce mouvement, amorcé dès 2016, semble s’être durablement ancré depuis la seconde élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Un changement politique comme déclencheur
Nombreux sont ceux qui expliquent leur départ par un malaise croissant vis-à-vis de la politique américaine. Sous l’administration Trump, certains ont le sentiment que leur pays prend une direction qui ne correspond plus à leurs valeurs : montée des divisions sociales, recul des droits civiques, déni du changement climatique, violences policières.
Pour une partie de cette population, souvent éduquée, progressiste et urbaine, ces événements ont été vécus comme un choc. Plusieurs d’entre eux racontent avoir envisagé le départ comme une « décision de protection personnelle et morale ». S’ils ne fuient pas un danger immédiat, ils fuient une ambiance, une atmosphère sociétale jugée anxiogène.
Des profils variés mais souvent aisés
Ce ne sont pas de jeunes aventuriers, mais plutôt des couples de retraités, des professionnels en pause de carrière ou des indépendants qui choisissent la France. Certains n’hésitent pas à vendre leur maison ou leur entreprise aux États-Unis pour financer leur projet d’expatriation. Grâce à cela, ils peuvent justifier des conditions requises pour obtenir un Visa Long Séjour Temporaire (VLTS) : ne pas exercer d’activité professionnelle en France, disposer de ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins, et avoir une couverture santé complète. Ce visa, relativement accessible pour ces profils, permet une installation en toute légalité, souvent renouvelable d’année en année.
Une France fantasmée… mais souvent à la hauteur
Ils choisissent la France pour sa qualité de vie, sa culture, ses paysages variés, sa gastronomie et son système de santé.
Parmi les éléments qui reviennent le plus souvent dans les témoignages :
- L’accessibilité des transports en commun ;
- la diversité culturelle et patrimoniale ;
- la possibilité de vivre sans voiture ;
- la valeur accordée à la convivialité, aux repas et au temps libre ;
- une qualité de l’air globalement meilleure ;
et, très souvent mentionnés, les marchés de plein air, la fraîcheur des produits, et la nourriture savoureuse — une vraie redécouverte du goût, disent certains.
Pour un Américain habitué aux coûts exorbitants des soins médicaux ou à une retraite fragile selon les régimes privés, la sécurité sociale française peut sembler rassurante, même s’ils ne peuvent y prétendre immédiatement. La simple idée qu’un pays puisse garantir un accès aux soins, à l’éducation ou aux transports publics de qualité, suscite souvent admiration et soulagement.
Un enthousiasme parfois freiné par la taxe PUMA
Il faut toutefois tempérer cet engouement autour du système de santé. Beaucoup d’Américains ignorent à leur arrivée l’existence de la contribution PUMA (Protection Universelle Maladie), une taxe annuelle pouvant s’élever à plusieurs centaines voire milliers d’euros, prélevée sur les revenus du patrimoine mondial si la personne n’a pas d’activité professionnelle en France mais réside de manière stable sur le territoire.
L’effet de surprise est réel, car cette taxe peut être due même en l’absence d’inscription volontaire à la sécurité sociale. Le principe est simple : toute personne résidant plus de 6 mois en France est supposée participer au financement du système de santé, qu’elle l’utilise ou non. Une fois informés, certains trouvent la démarche justifiée, d’autres s’en indignent. Il est donc crucial que cette question soit bien anticipée et expliquée dans l’accompagnement à l’installation.
Des défis interculturels… mais un enthousiasme intact
Bien sûr, tout n’est pas simple. La barrière de la langue, la lenteur administrative, ou encore les codes culturels très différents peuvent désarçonner les nouveaux arrivants. L’humour, la ponctualité, la façon de faire ses courses ou de saluer : autant de détails qui participent à ce que les Américains appellent souvent “le choc culturel inversé”.
Mais ils viennent préparés. Beaucoup s’inscrivent à des cours de français, et font appel à des services de relocation pour faciliter leur intégration. Ils sont nombreux à dire qu’ils ne regrettent rien, bien au contraire.
Le rôle des professionnels de la mobilité
Ces expatriés atypiques — souvent auto-initiés et non accompagnés par une entreprise — constituent un public à part pour les professionnels de la relocation. Ils sont demandeurs d’informations fiables, d’un accompagnement humain et de conseils interculturels pour éviter les écueils.
Leur projet est mûri, réfléchi, parfois préparé de longue date. Ils veulent “vivre une autre vie”, plus alignée avec leurs valeurs : une vie plus lente, plus consciente, plus riche culturellement.
Conclusion
L’arrivée des Américains en France n’est pas un exode massif, mais une tendance solide, portée par des motivations profondes. En tant que professionnels de la mobilité, nous avons un rôle clé à jouer dans l’accueil et l’intégration de ces profils, qui cherchent moins une relocalisation qu’une renaissance.
Sophie DORD
Expat Services France